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JCT .
Écrit en grec, le Nouveau Testament emploie deux mots pour caractériser l’amour , agapè (322 fois) et philia (54 fois) en comptant leurs dérivés. Un troisième revient près de 78 fois, eleos. Les versions françaises traduisent agapè par amour ou charité. Les dérivés de philia sont nombreux : francophile,philosophie, Théophile: je n’en connaîs pas pour agapè.
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Le mot eleos et ses dérivés expriment l’idée de pitié, de compassion, de miséricorde. “Seigneur, aie pitié de nous” (kyrie eleison). “Bienheureux les miséricordieux, il leur sera fait miséricorde”. Marie utilise 5 fois ce terme dans son chant de louange; “sa miséricorde s’étend d’âge en âge”. Quiconque se laisse toucher, émouvoir, bouleverser par la misère ou par les drames qui affectent autrui, prouve que son coeur est ouvert à l’amour.
Jésus conclut l’histoire du samaritain en affirmant qu’il a “fait miséricorde” , eleos, au bénéfice de l’inconnu dépouillé par les bandits et qu’il s’est “fait ainsi le prochain” de cet homme. Dans cette ligne, Jésus précise que tous les humains seront jugés sur les actes de bonté ou de compassion qu’ils auront accomplis ou refusés envers les personnes dépourvues du nécessaire, blessées par l’existence.
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La philia me semble introduire dans la relation amitié, affection, comportement d’égal à égal, joie de la convivialité, quotidienneté, liens de type familial.
Jésus est classé comme “ami des pécheurs et des publicains”: il appelle ses disciples “ses amis”: de même Lazare, dont il pleure la mort au point de faire dire :”voyez comme il l’aimait”.
“Le Père aime le Fils” (Jn 5.20)
“Le Père lui-même vous aime parce que vous m’aimez” (Jn 16.27)
Lorsque Jésus demande “d’aimer ses ennemis”, le mot philia n’apparaît pas. Jésus ne demande pas d’entretenir une relation pleine de joie, de convivialité, de quotidienneté, d’affection avec ses “ennemis”; il demande seulement un amour d’agapè.
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L’amour d’agapè prend sa signification spécifique dans cet enseignement capital de Jésus : “Il n’y a pas de plus grand amour (agapè) que de donner sa vie (sa "psuchè", offrir ses pensées les plus profondes) pour ses amis (philia). Vous êtes mes amis (philia) si vous faites ce que je vous commande. Je vous appelle amis (philia) car tout ce que j’ai appris de mon Père je vous l’ai fait connaître.” (Jn 15.13-15).
“Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés” (agapè) (Jn 15.12)
“Dieu a tant aimé (agapè) le monde qu’il a donné son Fils unique” (Jn 3.16)
La première lettre de Jean utilise 13 fois , en quelques lignes, ce mot agapè: “Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres car l’amour vient de Dieu et quiconque aime est engendré de Dieu, et parvient à la connaissance de Dieu. Qui n’aime pas n’a pas découvert Dieu, puisque Dieu est amour. Voici comment s’est manifesté l’amour de Dieu au milieu de nous: Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui. Voici ce qu’est l’amour: ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés...Mes bien-aimés, si Dieu nous a aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres”. (I Jean 4.7 à 11)
Et Paul décrit cet amour d’agapè dans le chapitre 13 de sa première lettre aux chrétiens de Corinthe, qui vivaient dans une ville où l’amour avait couramment un tout autre sens, celui d’eros (mot inconnu du NT et qu’on trouve moins de 10 fois dans l’AT; il décrit plutôt l’amour comme satisfaction, jouissance, plaisir où l’égoïsme peut dominer à partir du moment où une personne prend son plaisir sans en donner, le comble étant le viol. La prostitution se rattache à cette conception de l’amour, appelée alors porneia. Je pense que Jésus voit dans ce type de relation le signe d’un mariage invalide quand des époux se contentent de rechercher un pur plaisir érotique sans relation amoureuse. (Mat 19.9) (lire ci-dessous ce que dit Benoît XVI sur eros)
Paul s’efforce donc de décrire celui qui aime d’agapè: patient, ni envieux, ni vantard, ni prétentieux, ne faisant rien de honteux, sans égoïsme ni rancune, ne se réjouissant pas du mal qui arrive aux autres, mais joyeux de tout ce qui est vrai: il supporte tout, garde confiance, espérance et endurance. Cet amour d’agapè est éternel, alors que la foi et l’espérance disparaîtront.
Autrement dit, l’amour d’agapè anticipe chez les mortels une dimension de l’éternité; il est imprégné de divin.
La majorité des textes du NT affirment que Dieu aime d’agapé, son Fils unique et “bien-aimé”, les personnes humaines, même celles qui ne l’aiment pas en retour.
Jésus aime d’agapè ses amis, même quand ils le renient ou l’abandonnent, la foule, et y compris ses ennemis qui le critiquent et veulent sa mort. Il ne leur souhaite aucun mal.
L’amour d’agapè vient de la puissance d’amour de Dieu: elle est grâce reçue. Livré à ses seules capacités l’humain en est incapable.
L’amour d’agapè n’est pas d’abord réciprocité, réponse de l’être aimé à celui qui l’aime. Il demeure actif y compris lorsqu’il ne suscite pas la plus minime contrepartie d’amour, et, preuve la plus indubitable, y compris envers ceux qui se comportent de façon radicalement inamicale.
L’amour d’agapè explique les pardons accordés, les pardons proposés sans être même sollicités, les pardons répétés à l’infini. Lui seul est capable d’aller au-devant de l’ennemi, de retourner les situations désespérées en disant du bien de celui qui dit sur vous le mal, en faisant du bien à celui qui vous fait du mal, en priant pour celui qui vous persécute. ( Luc 6.27,28 & 32-37)
Jésus a toujours aimé d’agapè. Notamment au cours de sa passion, alors qu’il était injustement condamné, tourné en dérision, devenu souffre-douleurs de l’humanité. En voyant l’amour d’agapè poussé à sa plus haute expression, nous découvrons les abominations que le mépris et la haine sont capables de produire de génération en génération; nous en avons le coeur brisé, touché aux larmes. Du même mouvement, nous “craquons” d’amour envers cet Homme qui, à l’évidence, aime l’Humanité d’une manière divine, supra humaine.
La Passion de Jésus fut l’Heure historique du plus grand Amour d’agapè.
En nous demandant de “nous aimer comme il nous a aimés” Jésus place très haut la barre de l’Amour. Il nous invite à choisir (à notre tour) cette manière d’aimer. Et, nous le savons, jamais nous ne parviendrons à aimer aussi bien que lui, l’Homme-Dieu. Ce commandement est entièrement positif, sans limitation: il invite au progrès perpétuel: il est tonique.
Accepter, choisir, préférer cette manière d’aimer d’agapè , voilà ce qui nous sauve dès maintenant. Cet Amour-là peut sauver l’humanité. Dommage qu’on le chante trop peu!
Si nous refusons l’hypothèse même de cet amour d’agapè, nous serons capables de philia, de compassion, de pitié, de générosités et de charités, qui sont d’autres manières d’aimer en vérité. Mais leur fragilité risque fort d’apparaître à l’heure des grandes difficultés relationnelles, et tous ces amours risquent de s’écrouler si le germe de l’amour d’agapè n’a pas été accueilli comme proposition venant d’En Haut, de l’Esprit du Dieu qui est Agapè.
C’est cela que, personnellement, je lis quand je médite les textes du NT qui nous parlent si bien de l’Amour éternel.
JCT
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EROS Benoît XVI parle de l’eros dans sa première encyclique du 25 janvier 2006: une grande nouveauté! (JCT)
“Le (monde pré-chrétien) les Grecs...ont vu dans l’eros avant tout l’ivresse, le dépassement de la raison...qui arrache l’homme à la finitude de son existence et qui...lui permet de faire l’expérience de la plus haute béatitude....L’eros était...célébré comme force divine, comme communion avec le Divin. “L’AT s’est opposé ...à cette forme de religion (prostitution sacrée)...En cela, cependant, il n’a en rien refusé l’eros comme tel, mais il a déclaré la guerre à sa déformation destructrice....L’eros a besoin de discipline, de purification, pour donner à l’homme non pas le plaisir d’un instant, mais un certain avant-goût du sommet de l’existence, de la béatitude vers laquelle tend tout notre être”. (n° 4) “En réalité, eros et agapè - amour ascendant et amour descendant- ne se laissent jamais séparer complètement l’un de l’autre. “Plus ces deux formes d’amour....trouvent leur juste unité dans l’unique réalité de l’amour, plus se réalise la véritable nature de l’amour en généal. Même si, initialement, l’eros est surtout sensuel, ascendant -fascination pour la grande promesse de bonherur- lorsqu’il s’approche ensuite de l’autre, il se posera toujours moins de questions sur lui-même, il cherchera toujours pluss le bonheur de l’autre, il se préoccupera toujours plus de l’autre, il se donnera et il désira “être pour” l’autre. C’est ainsi que le moment de l’agapè s’insère en lui; sinon, l’eros déchoit, perd aussi sa nature. D’autre part, l’homme ne peut pas non plus vivre exclusivement dans l’amour oblatif, descendant. Il ne peut pas toujours seulement donner, il doit aussi recevoir. Celui qui veut donner de l’amour doit lui aussi le recevoir comme un don.” (n°7) “(Dieu) choisit Israël et il l’aime, avec cependant le dessein de guérir par là toute l’humanité. Il aime, et son amour peut être qualifié sans aucun doute comme eros, qui toutefois est en même temps et totalement agapè. ... Osée et Ezéchiel ont décrit cette passion de Dieu pour son peuple avec des images érotiques audacieuses....(n°9) “L’eros de Dieu pour l’homme...est en même temps totalement agapè. Non seulement parce qu’il est donné absolument gratuitement, sans aucun mérite préalable, mais encore parce qu’il est un amour qui pardonne (Os 11, 8-9)” ( n°10) “Le récit biblique de la création parle de la solitude du premier homme, Adam, aux côtés duquel Dieu veut placer une aide...Dans le récit biblique...l’idée que l’homme serait en quelque sorte incomplet de par sa constitution, à la recherche, dans l’autre, de la partie qui manque à son intégrité, à savoir l’idée que c’est seulement dans la communion avec l’autre sexe qu’il peut devenir “complet” est sans aucun doute présente. Le récit biblique se conclut ainsi sur une prophétie concernant Adam: “À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un” (Gen 2.24) “Deux aspects sont ici importants: l’eros est comme enraciné dans la nature même de l’homme; Adam est en recherche...pour trouver sa femme; c’est seulement ensemble qu’ils représentent la totalité de l’humanité, qu’ils deviennent “une seule chair”.
Le deuxième aspect n’est pas moins important: selon une orientation qui a son origine dans la création, l’eros renvoie l’homme au mariage, à un lien cacarctérisé par l’unicité et le définitif; ainsi, et seulement ainsi, se réalise sa destinée profonde.
À l’image du Dieu du monothéisme correspond le mariage monogamique.
Le mariage fondé sur un amour exclusif et définitif devient l’icône de la relation de Dieu avec son peuple et réciproquement: la façon dont Dieu aime devient la mesure de l’amour humain. Ce lien étroit entre eros et mariage dans la Bible ne trouve pratiquement pas de parallèle en dehors de la littérature biblique” (n° 11)
(“Deus caritas est”: Benoît XVI, 25 janvier 2006) |
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Voir EUCHARISTIE, mémorial d'Alliance d'amour et
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