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JCT .

 

Écrit en grec, le Nouveau Testament emploie deux mots pour caractériser l’amour , agapè (322 fois) et philia (54 fois) en comptant leurs dérivés. Un troisième revient près de 78 fois, eleos. Les versions françaises traduisent agapè par amour ou charité. Les dérivés de philia sont nombreux : francophile,philosophie, Théophile: je n’en connaîs pas pour agapè.

 

***

 

Le mot eleos et ses dérivés expriment l’idée de pitié, de compassion, de miséricorde. “Seigneur, aie pitié de nous” (kyrie eleison). “Bienheureux les miséricordieux, il leur sera fait miséricorde”. Marie utilise 5 fois ce terme dans son chant de louange; “sa miséricorde s’étend d’âge en âge”. Quiconque se laisse toucher, émouvoir, bouleverser par la misère ou par les drames qui affectent autrui, prouve que son coeur est ouvert à l’amour.

 

Jésus conclut l’histoire du samaritain en affirmant qu’il a “fait miséricorde” , eleos, au bénéfice de l’inconnu dépouillé par les bandits et qu’il s’est “fait ainsi le prochain” de cet homme. Dans cette ligne, Jésus précise que tous les humains seront jugés sur les actes de bonté ou de compassion qu’ils auront accomplis ou refusés envers les personnes dépourvues du nécessaire, blessées par l’existence.

 

***

 

La philia me semble introduire dans la relation amitié, affection, comportement d’égal à égal, joie de la convivialité, quotidienneté, liens de type familial.

 

Jésus est classé comme “ami des pécheurs et des publicains”: il appelle ses disciples “ses amis”: de même Lazare, dont il pleure la mort au point de faire dire :”voyez comme il l’aimait”.

 

“Le Père aime le Fils” (Jn 5.20)

 

“Le Père lui-même vous aime parce que vous m’aimez” (Jn 16.27)

 

Lorsque Jésus demande “d’aimer ses ennemis”, le mot philia n’apparaît pas. Jésus ne demande pas d’entretenir une relation pleine de joie, de convivialité, de quotidienneté, d’affection avec ses “ennemis”; il demande seulement un amour d’agapè.

 

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L’amour d’agapè prend sa signification spécifique dans cet enseignement capital de Jésus : “Il n’y a pas de plus grand amour (agapè) que de donner sa vie (sa "psuchè", offrir ses pensées les plus profondes) pour ses amis (philia). Vous êtes mes amis (philia) si vous faites ce que je vous commande. Je vous appelle amis (philia) car tout ce que j’ai appris de mon Père je vous l’ai fait connaître.” (Jn 15.13-15).

 

“Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés” (agapè) (Jn 15.12)

 

“Dieu a tant aimé (agapè) le monde qu’il a donné son Fils unique” (Jn 3.16)

 

La première lettre de Jean utilise 13 fois , en quelques lignes, ce mot agapè: “Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres car l’amour vient de Dieu et quiconque aime est engendré de Dieu, et parvient à la connaissance de Dieu. Qui n’aime pas n’a pas découvert Dieu, puisque Dieu est amour. Voici comment s’est manifesté l’amour de Dieu au milieu de nous: Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui. Voici ce qu’est l’amour: ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés...Mes bien-aimés, si Dieu nous a aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres”. (I Jean 4.7 à 11)

 

Et Paul décrit cet amour d’agapè dans le chapitre 13 de sa première lettre aux chrétiens de Corinthe, qui vivaient dans une ville où l’amour avait couramment un tout autre sens, celui d’eros (mot inconnu du NT et qu’on trouve moins de 10 fois dans l’AT; il décrit plutôt l’amour comme satisfaction, jouissance, plaisir où l’égoïsme peut dominer à partir du moment où une personne prend son plaisir sans en donner, le comble étant le viol. La prostitution se rattache à cette conception de l’amour, appelée alors porneia. Je pense que Jésus voit dans ce type de relation le signe d’un mariage invalide quand des époux se contentent de rechercher un pur plaisir érotique sans relation amoureuse. (Mat 19.9) (lire ci-dessous ce que dit Benoît XVI sur eros)

 

Paul s’efforce donc de décrire celui qui aime d’agapè: patient, ni envieux, ni vantard, ni prétentieux, ne faisant rien de honteux, sans égoïsme ni rancune, ne se réjouissant pas du mal qui arrive aux autres, mais joyeux de tout ce qui est vrai: il supporte tout, garde confiance, espérance et endurance. Cet amour d’agapè est éternel, alors que la foi et l’espérance disparaîtront.

 

Autrement dit, l’amour d’agapè anticipe chez les mortels une dimension de l’éternité; il est imprégné de divin.

 

La majorité des textes du NT affirment que Dieu aime d’agapé, son Fils unique et “bien-aimé”, les personnes humaines, même celles qui ne l’aiment pas en retour.

 

Jésus aime d’agapè ses amis, même quand ils le renient ou l’abandonnent, la foule, et y compris ses ennemis qui le critiquent et veulent sa mort. Il ne leur souhaite aucun mal.

 

L’amour d’agapè vient de la puissance d’amour de Dieu: elle est grâce reçue. Livré à ses seules capacités l’humain en est incapable.

 

L’amour d’agapè n’est pas d’abord réciprocité, réponse de l’être aimé à celui qui l’aime. Il demeure actif y compris lorsqu’il ne suscite pas la plus minime contrepartie d’amour, et, preuve la plus indubitable, y compris envers ceux qui se comportent de façon radicalement inamicale.

 

L’amour d’agapè explique les pardons accordés, les pardons proposés sans être même sollicités, les pardons répétés à l’infini. Lui seul est capable d’aller au-devant de l’ennemi, de retourner les situations désespérées en disant du bien de celui qui dit sur vous le mal, en faisant du bien à celui qui vous fait du mal, en priant pour celui qui vous persécute. ( Luc 6.27,28 & 32-37)

 

Jésus a toujours aimé d’agapè. Notamment au cours de sa passion, alors qu’il était injustement condamné, tourné en dérision, devenu souffre-douleurs de l’humanité. En voyant l’amour d’agapè poussé à sa plus haute expression, nous découvrons les abominations que le mépris et la haine sont capables de produire de génération en génération; nous en avons le coeur brisé, touché aux larmes. Du même mouvement, nous “craquons” d’amour envers cet Homme qui, à l’évidence, aime l’Humanité d’une manière divine, supra humaine.

 

La Passion de Jésus fut l’Heure historique du plus grand Amour d’agapè.

 

En nous demandant de “nous aimer comme il nous a aimés” Jésus place très haut la barre de l’Amour. Il nous invite à choisir (à notre tour) cette manière d’aimer. Et, nous le savons, jamais nous ne parviendrons à aimer aussi bien que lui, l’Homme-Dieu. Ce commandement est entièrement positif, sans limitation: il invite au progrès perpétuel: il est tonique.

 

Accepter, choisir, préférer cette manière d’aimer d’agapè , voilà ce qui nous sauve dès maintenant. Cet Amour-là peut sauver l’humanité. Dommage qu’on le chante trop peu!

 

Si nous refusons l’hypothèse même de cet amour d’agapè, nous serons capables de philia, de compassion, de pitié, de générosités et de charités, qui sont d’autres manières d’aimer en vérité. Mais leur fragilité risque fort d’apparaître à l’heure des grandes difficultés relationnelles, et tous ces amours risquent de s’écrouler si le germe de l’amour d’agapè n’a pas été accueilli comme proposition venant d’En Haut, de l’Esprit du Dieu qui est Agapè.

 

C’est cela que, personnellement, je lis quand je médite les textes du NT qui nous parlent si bien de l’Amour éternel.

 

JCT

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EROS

Benoît XVI parle de l’eros dans sa première encyclique du 25 janvier 2006: une grande nouveauté! (JCT)

 

“Le (monde pré-chrétien) les Grecs...ont vu dans l’eros avant tout l’ivresse, le dépassement de la raison...qui arrache l’homme à la finitude de son existence et qui...lui permet de faire l’expérience de la plus haute béatitude....L’eros était...célébré comme force divine, comme communion avec le Divin.

“L’AT s’est opposé ...à cette forme de religion (prostitution sacrée)...En cela, cependant, il n’a en rien refusé l’eros comme tel, mais il a déclaré la guerre à sa déformation destructrice....L’eros a besoin de discipline, de purification, pour donner à l’homme non pas le plaisir d’un instant, mais un certain avant-goût du sommet de l’existence, de la béatitude vers laquelle tend tout notre être”. (n° 4)

“En réalité, eros et agapè - amour ascendant et amour descendant- ne se laissent jamais séparer complètement l’un de l’autre.

“Plus ces deux formes d’amour....trouvent leur juste unité dans l’unique réalité de l’amour, plus se réalise la véritable nature de l’amour en généal. Même si, initialement, l’eros est surtout sensuel, ascendant -fascination pour la grande promesse de bonherur- lorsqu’il s’approche ensuite de l’autre, il se posera toujours moins de questions sur lui-même, il cherchera toujours pluss le bonheur de l’autre, il se préoccupera toujours plus de l’autre, il se donnera et il désira “être pour” l’autre. C’est ainsi que le moment de l’agapè s’insère en lui; sinon, l’eros déchoit, perd aussi sa nature.

D’autre part, l’homme ne peut pas non plus vivre exclusivement dans l’amour oblatif, descendant. Il ne peut pas toujours seulement donner, il doit aussi recevoir. Celui qui veut donner de l’amour doit lui aussi le recevoir comme un don.” (n°7)

“(Dieu) choisit Israël et il l’aime, avec cependant le dessein de guérir par là toute l’humanité. Il aime, et son amour peut être qualifié sans aucun doute comme eros, qui toutefois est en même temps et totalement agapè. ...

Osée et Ezéchiel ont décrit cette passion de Dieu pour son peuple avec des images érotiques audacieuses....(n°9)

“L’eros de Dieu pour l’homme...est en même temps totalement agapè. Non seulement parce qu’il est donné absolument gratuitement, sans aucun mérite préalable, mais encore parce qu’il est un amour qui pardonne (Os 11, 8-9)” ( n°10)

“Le récit biblique de la création parle de la solitude du premier homme, Adam, aux côtés duquel Dieu veut placer une aide...Dans le récit biblique...l’idée que l’homme serait en quelque sorte incomplet de par sa constitution, à la recherche, dans l’autre, de la partie qui manque à son intégrité, à savoir l’idée que c’est seulement dans la communion avec l’autre sexe qu’il peut devenir “complet” est sans aucun doute présente. Le récit biblique se conclut ainsi sur une prophétie concernant Adam: “À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un” (Gen 2.24)

“Deux aspects sont ici importants: l’eros est comme enraciné dans la nature même de l’homme; Adam est en recherche...pour trouver sa femme; c’est seulement ensemble qu’ils représentent la totalité de l’humanité, qu’ils deviennent “une seule chair”.

 

Le deuxième aspect n’est pas moins important: selon une orientation qui a son origine dans la création, l’eros renvoie l’homme au mariage, à un lien cacarctérisé par l’unicité et le définitif; ainsi, et seulement ainsi, se réalise sa destinée profonde.

 

À l’image du Dieu du monothéisme correspond le mariage monogamique.

 

Le mariage fondé sur un amour exclusif et définitif devient l’icône de la relation de Dieu avec son peuple et réciproquement: la façon dont Dieu aime devient la mesure de l’amour humain. Ce lien étroit entre eros et mariage dans la Bible ne trouve pratiquement pas de parallèle en dehors de la littérature biblique” (n° 11)

 

(“Deus caritas est”: Benoît XVI, 25 janvier 2006)

PJ Après lecture, Bible en mains, des pages de votre site concernant Genèse 1 et 2 et la page des mots grecs Amours et Vies, différiencés en grec, voulez-vous ouvrir un dialogue sur le 4° Évangile 15, 9- 17 ?

 

Je trouve que ces lignes bibliques sont très éclairantes . Elles comportent des Paroles extrêmement fortes prononcées par Jésus : au sujet de ceux qu’Il considère d’abord comme ses disciples, comme également ses amis, les siens. On y trouve à plusieurs reprises les mots : amour-agapè, 12 fois répété, commandements, joies , amis, et l’expression trop souvent déformée, donner sa vie-psuchè .

 

CV Commençons à votre demande par le verset 9 . Il relie clairement l’amour-agapè du Père, (source) envers Jésus Christ (bénéficiaire) et l’amour de Jésus Christ (donneur) envers les humains ( destinataires) et ses disciples (receveurs) : voyons verset 8.

 

Cet amour est don, gratuité. Il n’est bizarrement pas réciproque comme dans les habitudes d’amours humaines. Il n'est pas enfermement, mais ouverture . Ce don d’amour doit être accueilli par les humains de la même manière que Jésus l’accueille de son Père. Accueillir Jésus ,qui est le Christ, c'est accueillir le Père qui l'a envoyé, donné, incarné. Je relève que dans le chapitre précédent il est déjà question de "Le Paraclet" "un autre Paraclet" C'est donc que Jésus , le Christ , aussi est un Paraclet .

 

Nous avons ici une définition divine du verbe “aimer agapè”.

 

PJ En effet, nous voyons que la réciprocité de l’amour, la restitution, la contrepartie, au Donateur se fait à d’autres destinataires que la source : le “contre-don” de Jésus au Père se fait aux humains en général et aux disciples en particuliers !

 

CV Il s'agit non seulement d'accueillir Jésus, de le reconnaître, mais de "l'accompagner" et jusqu'au bout , but de la création : la vie -zoè éternelle et multipliée.

 

Jésus "fait" , "est" le modèle-exemple et enseigne le mode , la possibilité.

 

Au verset 10 il s’agit de “demeurer” dans l’amour de Jésus Christ.

 

Il en donne la condition : “si vous gardez mes commandements” comme Il en a donné l’exemple : “j’ai gardé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour.”

 

Nous voyons que pour “demeurer” dans l’amour du Père nous devons passer incontournablement par le “demeurer” dans l’amour de Jésus, le Christ, l'Envoyé du Père.

 

PJ Des équivalences apparaissent: aimer=demeurer=garder les commandements donnés par Jésus=habiter intérieurement dans l’amour du Père.

 

Il me semble que le verset 11 est comme une conclusion de toutes les Paroles que Jésus a proclamées jusqu’à présent dans cet Évangile.

 

CV Commençons par lire ce qui est écrit mot à mot : “Cela j’ai parlé à vous, afin que la joie, la mienne, en vous soit et que la joie de vous soit complète.”

 

Cela, ceci, tout cela, ces choses ..... Les traducteurs traduisent de différentes manières ce tauta , cette contraction de ta auta qui est un pluriel neutre . Si d’aucuns font remonter ce tauta à ce que Jésus vient de dire aux v. 9-10, d’autres à 13,1 nous pouvons aussi penser qu’il s’agit de tout l’enseignement de Jésus, le Christ, jusqu’ici , qui commence, après Jean le baptiste, à parler aux deux premiers de ses disciples en 1, 38 : “Que cherchez-vous ?”

 

PJ Rappelons-nous la première question posée à Jésus par les deux premiers disciples André et l’autre disciple, (Jn 1.35-39): “Rabbi, où demeures-tu? “. Et la réponse de Jésus:”Venez et vous verrez”. Après trois ans de vie ensemble, les disciples commencent maintenant à “voir où demeure Jésus”: il est toujours de coeur avec son Père et de coeur avec ses disciples, de plein coeur, en tout amour d’agapè.

 

Ce verset 11 qui parle deux fois de JOIE, mais différemment, est d’une part la conclusion de tout ce qui précède et d’autre part comme l’introduction à l'explication qui va suivre

 

Pensons-y ! La joie, le bonheur intérieur, voilà le premier fruit produit par l’amour, par cette façon de tenir son esprit en Christ et dans le Père. Nous avons trop dissocié le bonheur et la fidélité, déconnecté la joie et l’amour selon Jésus. Nous avons transformé cette “religion chrétienne” en tristesse d’une fidélité pesante à des obligations peu agréables.

 

CV En effet, si Jésus dit: “Cela ou ces choses j’ai parlé” Il continue bel et bien de proclamer, d’expliquer, d’ élever. Il parle aussi de "la joie de vous" . C’est comme si avec le verset 12 la seconde partie du discours commence. Il me semble que c’est pour compléter la Joie de ceux qui ont déjà fait le bon choix.

 

Le discours entier 9-17 s’inscrit dans l’unité des versets 1 à 17 qui comporte la métaphore de la vigne. Là au verset 2 se trouve “ Moi, je suis la vigne et mon Père est le vigneron. Toute branche en moi ne produisant pas de fruit Il ( le Père) l’enlève et toute (branche ) portant le fruit il la purifie pour que du fruit amplifié elle donne.”

 

Jésus y reviendra à la fin de son discours . Mais je note qu’il y a une distinction entre “sarment, ne pas fruit produisant : enlevé ” et “sarment , portant “le” fruit : purifié “ Nous voyons que les versets 9-15 sont une explication de Jésus de toutes les images de la métaphore de la vigne .

 

PJ Et voilà avec le verset 12 le troisième volet : Comme le Père m’a aimé , je vous ai aimés . Comme je vous ai aimés , aimez-vous les uns les autres . Ce “comme” ne veut pas seulement dire “puisque” mais “de la même manière”

 

Ce contre-don d’amour-agapè à Jésus, qui remonte au Père, est maintenant un commandement de Jésus Christ à ses disciples “mutuellement, réciproquement” : les uns les autres. Il s’agit apparemment de la communauté de ceux qui sont devenus ses disciples (verset 8)

 

Ne voyons-nous pas dans les siècles que des chrétiens se comportent comme des ennemis, créant différentes dénominations ou groupes de chrétiens jusqu’à se haïr, s’exclure , persécuter, torturer, tuer, et se faire réellement la guerre ?

 

CV Me vient la question : dans quels buts ( second volet du verset 11: "la joie de vous") Jésus a aimé ses disciples ? Nous les trouverons plus loin au verset 16

 

Mais avant , au verset 13 Jésus définit ce qu’est le plus grand amour-agapè. C’est donc qu’il y a plusieurs sortes d’amours-agapè et qu’il y a des palliers, des gradations dans le verbe aimer-agapè , comme dans “la joie de vous” , qui peut devenir “complète” , plérôme.

 

Il s’agit bien du plus grand amour des humains pour leur joie plénière propre, qui est à partager. La difficulté réside dans la juste compréhension de cette phrase-clé couramment traduite et alors comprise ainsi : “donner sa vie pour ses amis” Le mot "amis" apparaît pour la première fois.

 

Nous ne devons pas chercher d’autres définitions et explications que celles que Jésus même donne. Il commence par définir ce qu’est, selon lui, un ami et un esclave.

 

PJ Au verset 14 le mot "amis " vient pour la seconde fois. Ceux qui sont devenus ses disciples deviennent ses “amis”(les “siens”) à partir du moment où ils font ce qu’il commande. C’est alors qu’ils "demeurent" dans son amitié .

 

CV verset 15 : “ Je ne vous appelle plus esclaves (doulos et pas serviteur !!!!!= diakonos) , car l’esclave ne sait pas ce que le Seigneur (o kurios et pas maître ou enseignant = didaskalos) fait de lui ; vous par contre j’ai nommés vous amis,(miens) parce que tout ce que j’ai appris du Père de moi , j’ai fait connaître à vous" Apparaît "amis" pour la troisième fois. Il s’agit bien ici d’enseignement pour la libération, l’affranchissement de l'esclavage pour un faire du Seigneur.

 

PJ Jésus a exprimé son âme (français, anima en latin), sa psychologie, sa façon de penser, qui est celle éternelle du Père : en grec, psuchè et non bios et zoè . Il parle, il annonce ce qu’Il a entendu , appris du Père. Il est vrai qu'Il a fait cela à l'avantage de ses amis: pour la vie-zoè , au risque de sa vie-bios

 

CV Oui, Jésus étant lui-même le Christ, le sanctuaire, la vie-zoè , il me semble que c'est une juste compréhension du verset 13 , qui parle cependant de quelqu'un, quiconque, donc chacun : tis . Le dictionnaire donne beaucoup de traductions : 13 plus des synonymes, pour le verbe tithèmi , hormis "donner" . Cette phrase peut alors se traduire de plusieurs manières selon la traduction choisie. Ce verbe veut aussi dire : déposer ou suspendre dans un temple, consacrer. Nous le retrouverons au verset 16.

 

Jésus a “partagé” avec les disciples, (ceux qui l’ont reçu). la Connaissance “entière” du Père elle-même reçue de Lui. A leur tour, les disciples doivent annoncer les uns aux autres tout ce que Jésus a dit et qui lui vient du Père, également au risques multiples de leur vie-bios, jusqu'à subir le meurtre. Ceci nous renvoie à des versets où il est question de vie éternelle ( vie-zoè et non pas vie-psychè ou vie-bios).

 

PJ L’unique mot français “vie” et la traduction du verbe tithèmi par donner , nous induit en erreur. Spontanément, nous interprétons alors l’expression “donner sa vie” dans le sens de ne plus exister, pour que seuls les autres soient servis : faire les choses terrestres à leur place. Le christianisme vu sous cet angle est l'esclavage et ne fonctionne pas "mutuellement". Dans la bouche de Jésus, “déposer sa vie-psychè pour ses amis “ signfie leur transmettre tout ce que nous tient à coeur, ce que nous avons entendu de Jésus qui l’a lui-même reçu du Père ,et qui nous fait vivre. Cette transmission, cette “tradition” fait entrer dans la “vie-zoè”, la vie éternelle, cette “vie-zoè” que la fin de la “vie-bios” (mort physique naturelle ou causée) n’interrompt pas.

 

CV Tout ceci a un rapport avec le lavement des pieds : les disciples, qui ne sont pas le Seigneur, doivent être des “enseignants” comme lui , le Seigneur (des transmetteurs , didaskaloi )

 

PJ “Aimez vous les uns les autres , comme je vous ai aimés”: Ceci correspond au “plus grand amour”. Cet amour-agapé suprême devient réalité lorsqu’on imite Jésus annonçant tout ce qu’il a entendu du Père, mais en le vivant selon les commandements du Père et le sien.

 

CV verset 16 Les humains ne se donnent pas cette mission, ils la reçoivent de Jésus qui les a choisis, élus. Il les a “armés”, consacrés, mis dans un temple : le même verbe tithèmi comme au verset 12, toutes traductions possibles , hormis institués , comme donner !!! . Ceci pour 3 buts (ici Jésus revient à la métaphore de la vigne ) et un quatrième : autre sujet. qui sera expliqué plus loin dans l'Évangile.

 

:“ 1° afin que vous vous mettiez sous le joug ( upagein et non agein= aller ) et

 

2° que vous donniez du fruit et

 

3° que "Le" fruit de vous “ demeure” .

 

4° afin que ,ce que, si dans le cas où vous demanderez au Père dans le Nom de moi , Il donne à vous “

 

ce verbe -ci didômi est : donner ! Ce verbe n'est pas employé dans l'expression courante " donner sa vie" du verset 13 !

 

La conjonction an : dans le cas où, est importante . De même que personne ne cherche ce qu'il a déjà trouvé, personne ne demande ce qu'il a déjà reçu. Mais quoi demander éventuellement au Père dans le Nom de Jésus , qui est Christ , "Je suis" "YHWH" . Il me semble qu’il ne s’agit pas de n’importe quoi . A la fin de ce chapitre 15 , verset 26 il sera à nouveau question de "Paraclet" .

 

La Joie deviendra "complète" quand le Paraclet est donné et reçu.

 

Avec le verset 17 Jésus conclut le discours 12-17 : “ Ces choses ( ceci, ... ,) je vous prescris, commande , afin que vous vous aimiez les uns les autres" Cette conjonction ina "afin" est importante : "ces choses" , qui sont des commandements, définnissent le comment "s'aimer les uns les autres." Jésus a choisi les siens, ses amis. Ils ne sont plus des esclaves, mais des personnes libérées , libres pour être des serviteurs ( diakonos) choisis de La Parole du Père et du Christ au bénéfice d’autrui.

 

PJ Quelle récompense ! Quel don. Quelle JOIE ! Nous le voyons, il ne s’agit ni de se laisser mourir, ni de faire à la place d'autrui, ni d'être exploité par autrui , asservi, ni d'être "mercenaire" , mais de le vivre soi-même, en partageant tout ce qui nous fait vivre selon Dieu et Jésus-Christ pour que l’autre vive également selon Dieu et le Christ. C'est selon La Bible : la Vie éternelle , la zoè .

 

Evidemment, cela comporte le risque d’être rejeté, haï, exclu , torturé et même d’être tué: c'est ce qui est décrit dès le verset 18 et c’est ce qui est arrivé à Jésus-Christ. Mais prendre ces risques pour "tout cela" fait parti du plus grand amour-agapè !

 

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